jeudi 19 novembre 2020

Le vieux livre.

 

 

 
 

Le livre est en mauvais état,

Il appartenait à mon père

Qui pour l’acquérir n’avait pas,

A l’époque, d’argent ou guère.

J’imagine qu’il l’acheta

Lorsqu’il s’en revint de la guerre ;

Quarante-six, on l’imprima,

Pour qui fut-il une « première » ?

Je ne sais qui le maltraita,

-C’est peut-être à force de plaire

Que tout le dos s’en déchira-,

Ni sur quel étal terre à terre

Mon père à la fin l’acheta.

Ce soir mon cœur est une pierre

Et je parcours de ci delà

Tout ce que lui aussi naguère,

Page après page, feuilleta,

Point de mire ou point de repère,

Malgré le temps qui s’envola,

Ces pages où mon cœur se serre

D’aimer encor ce qu’il aima

Sont dans Alcools d’Apollinaire.

 

                               ***       

 

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