mercredi 7 décembre 2011

Tendresse.



Un petit mot, tout de tendresse,
Dans l'ombre d'une nuit d'Automne
Où de gros nuages se pressent
Sans jamais déranger personne.
Les toits zigzaguent en silence
Tout en suivant le bord des rues
Et moi je parle de l'absence
Et de l'amour porté aux nues
Qui soudain manque subreptice;
Je parle au vent qui me caresse,
Je parle des heures propices
A ce petit mot de tendresse.

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dimanche 4 décembre 2011

Songes de Décembre.



Douceur pluvieuse de Décembre
Un long dimanche après-midi,
Forêt des Songes que remembre
Ces images nées de l'oubli,
Je me souviens de vos clairières
Aux crépuscules mordorés
Dans un royaume sans frontières
Qu'autrefois j'ai tant adoré.
L'averse aux gouttes languissantes
Me remémore des sentiers
De mousse et d'aube renaissante,
Comment pourrais-je vous renier ?
Il est au bord de la rivière
Des rouvres et des cornouillers
Dont la paix m'a vu en prière,
Pensant à vous, m'agenouiller.

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samedi 3 décembre 2011

Je me demande...




Automne, Automne où allez vous,
Les bras chargés de feuilles mortes,
Botté de noir, coiffé de roux,
Automne, Automne où allez-vous ?

Brumeux dessus, triste dessous,
En ces jours où l'ombre l'emporte,
Automne, Automne où allez-vous
Les bras chargés de feuilles mortes ?

                 ***





lundi 28 novembre 2011

Le Lansquenet.






Je vais où se trouve l'argent
Car ainsi font les mercenaires,
Riches un jour, pauvres souvent,
Pour qui se vendre est nécessaire.

Non, je n'ai pas toujours chez moi
De quoi nourrir une famille,
Quand on n'a rien, l'hiver est froid,
Le ventre crie et les yeux brillent.

Ma femme ignore les bijoux
Et mes enfants sont en guenilles;
Je vends ma vie et voilà tout
Et comme les autres je pille

Et comme les autres je mens,
Et comme les autres je tue,
On n'a ni coeur, ni sentiments
Quand la misère est si têtue.

Je sais bien le sort qui m'attend,
Je n'en ai ni regret, ni cure
Mais qui nourrira mes enfants
Après ma dernière blessure ?

            ***

dimanche 27 novembre 2011

Sonnet pour Hélène (de Surgères).



Hélène, dites moi, vous que chantait Ronsard,
Pourquoi vous résistiez à toutes ses avances;
Henri règnait alors, c'était la Renaissance,
Les poètes parlaient de l'amour avec art.

Je ressens cette histoire où je n'ai point de part,
Oui, Ronsard vous aimait, vous aviez cette chance...
Sans doute cet amour ne fut-il qu'espérance,
Peut-être hésitiez-vous, un jour il fut trop tard;

Ronsard vînt à mourir. Hélène de Surgères
L'accompagne depuis comme une ombre lègère
Qu'on ne peut séparer de celui qui l'aima.

Hélène dites-moi que votre âme regrette
Cet amour qu'en son temps Ronsard vous déclama
Et que votre ombre au moins a payé votre dette.

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samedi 26 novembre 2011

Les Nuits.



Les nuits sont douces quelquefois
A nos souvenirs délaissés,
A nos plaisirs, ils ont passé,
A nos amours, comme il se doit,
A combien d'anciennes faiblesses,
Combien de vaines fantaisies,
Combien de songes et d'envies,
Combien d'illusoires tristesses...

        ***

lundi 21 novembre 2011

L'or de l'Automne.


Voici l'or de l'Automne où l'espoir des amants
Redit à mots couverts de glorieux antans
Qui ne reviennent pas, qui reviennent peut-être,
Vers ces chemins heureux dont ils ne sont pas maîtres.


Prenez, je vous en prie, au moins ce que j'apporte,
Dans l'ombre de ce soir, l'éclat des feuilles mortes
Où le soleil se couche avec un chatoiement,
Le reflet calme et doux de ce soleil couchant,


Et l'oubli bienfaisant dans ce soir où s'apaise,
Avec l'attente vaine, un aussi vain tourment,
Croyez qu'au souffle enfin de ces mots sur la braise,
La flamme d'autrefois reprendra son élan.

                        ***

La Tortue (pastiche parnassien).




Du fond de la pelouse, au pas d'une sagesse
Vieille comme le temps et bien plus que l'humain,
Son cou ridé tendu sous son regard hautain,
Elle va lourdement, elle avance sans cesse.

Phoebus s'en vient orner et d'opale et d'onyx
Chaque écaille soudain de sa rude cuirasse
Dont le centre est d'un noir plus profond que le Styx;
L'herbe courbe le front devant sa carapace.

Conquérante blasée, en marquant chaque pas,
Elle avance toujours tel un cataphractère,
Ce combattant de fer qui, pilier du combat,
Sait qu'il ne peut dévier de cette gloire austère.

La voilà parvenue à ce dernier carré
D'épinards verdoyants et de tendres laitues,
Trésor des potagers, délices des tortues,
Qu'au terme de sa marche, elle va dévorer.

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jeudi 17 novembre 2011

Le Pont.



Franchirez-vous le gué, passerez-vous le pont ?
Je suis de ce côté de la vive rivière
Où la campagne est belle et vaste l'horizon,
Où même les forêts sont baignées de lumière;
Franchirez-vous le gué, passerez-vous le pont ?

Ou vous en irez-vous, comme d'autres s'en vont,
Sur la route infertile et sous un ciel austère
D'aigres matins frileux en soirs tristes et longs
Pour amasser de l'ombre et cultiver la pierre ?
Franchirez-vous le gué, passerez-vous le pont ?


Au pays indigent où rire est un affront
Vous avez vu combien aimer est chose amère,
La loi que l'on y sème au hasard des sillons
Ne produira jamais de jardins sur vos terres,
Vous y verrez toujours l'ortie et le chardon.
Franchirez-vous le gué, passerez-vous le pont ?


On trouve sur ma rive et en chaque saison,
La fleur qui pousse au cœur de ces âmes altières
Qui ne séparent pas l'amour et la raison
Et cette liberté qui sait tant de prières,
Il n'est que quelques pas, le chemin n'est pas long;
Franchirez-vous le gué, passerez-vous le pont ?

                         ***

Onze Novembre.


Ma barbe de huit jours me dévore les joues
Où la crasse d'un mois achève de sûrir;
Le cessez-le-feu sonne et je sors de la boue;
René, Louis, Marcel achèvent d'y pourir.

Quatre enfants orphelins, trois femmes qui sont veuves
Et ce clairon qui sonne au milieu du brouillard;
Comprenez-vous pourquoi ces notes là m'émeuvent ?
Je vivais en enfer et il n'est pas trop tard.

                         ***

Treize.


Heur et malheur d'un même amour
En combien de tristes détours !
Laissez-moi croire à notre rêve
Et que les larmes seront brèves,
Ne désespérez pas de nous,
En dépit de tous les à-coups:
A trois semaines du huitième,
Dix oublié, onze à sa fin,
Je vous le redis, je vous aime:
Autant hier, autant demain.

            ***

lundi 7 novembre 2011

Ombre.




Il n'y a rien autour de moi
Que cette grande paix de l'ombre
A l'heure où l'après-midi sombre
Dans la nuit d'automne et le froid.

Il n'y a pas une parole
Car les heures ont épuisé
Le temps et ces jours sont usés
Que rien ne réjouit ou désole.

La poussière ne tombe plus
Aux rangs ternis des étagères
Et les pages se font légères
Aux livres qu'on a déjà lus.

A peine un halo de lumière
Aux bras d'un fauteuil élimé
Et le silence trop aimé
Des solitudes casanières.

Allons que diras-tu de toi ?
"Dehors la nuit d'automne est sombre,
Hors cette grande paix de l'ombre
Il n'y a rien autour de moi."

             ***

dimanche 6 novembre 2011

Frère Ange (compagnon de St-François d'Assise).



Voici, je m'appelle Ange et j'ai suivi François,
Et j'ai vu son amour et j'ai vu sa misère,
Je me suis enivré de la même prière
Et n'ai pas regretté, fusse un instant, mon choix.

Pauvre ainsi que le fut le Seigneur sur Sa croix,
Je fus un moine heureux près du saint qui naguère
Se dépouilla de tout, non pas pour vivre austère,
Mais pauvre sur la terre où les pauvres sont rois.

Je ne possède rien, pas même la mémoire
De ce père béni dont certains se font gloire
Et dont le souvenir en mille endroits se vend.

C'est dessus le marais qu'était la Portioncule
Et le monde triomphe et le marais s'étend;
Ange est un grand vieillard parfois bien ridicule...

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NB: la Portioncule est une petite église d'Assise que François et ses compagnons remirent en état au début de leur ordre.

Les Jours.


Les jours ont fui comme fuit la rivière
Et beaucoup d'ombre et trop peu de lumière
En ont marqué le cours si vagabond,
L'espoir parfois a ce goût d'abandon
Et l'éclat chatoyant de l'inutile.
Les jours ont fui, mille par mille,
L'esprit voudrait, l'espérance conduit,
Et puis après ? Les jours ont fui.

            ***


lundi 31 octobre 2011

Anniversaire.




Je vous souhaite un bon anniversaire,
Sincèrement, mais je le fais de loin,
Les temps sont durs, prenez de vous grand soin
Et souriez, cela seul peut me plaire.

Je vous souhaite, au hasard du destin,
Tout le bonheur dont ce monde est capable,
Le but, c'est vrai, n'a pas été atteint
Mais à quoi bon chercher un responsable ?

Ces lignes là sont un piètre cadeau
Et, j'en conviens, un pauvre témoignage
De ce qui fut. Est-ce vraiment nouveau ?
Je pense à vous; profitez de votre âge.

Je le sais bien, vous ne me lirez pas,
Tant pis, tant mieux, mon espérance est veuve
Mais je voulais vous apporter la preuve
Qu'aucun oubli n'effacera vos pas.

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Octobre.




La ville calme et imprécise
Sous son édredon de brouillard,
De toits gris en façades grises,
S'estompe dans un monde à part.

Et les marronniers racornissent
En brun et roux le long des quais
Dont l'eau boueuse et lente glisse
Entre les ponts comme il lui plaît.

Matin banal, fin de l'automne,
Pavés luisants d'humidité,
Jardins où l'humus s'abandonne
Au long des massifs déplantés,

Voici que six bons mois d'attente
Viennent juste de commencer,
Six mois trop longs d'heures si lentes
Auxquelles on ne veut penser...

       ****

dimanche 9 octobre 2011

Nocturne.





Les silences noirs de la nuit
Semblent de grands fleuves propices
Aux fantômes que le jour fuit
Pour leur éternelle malice.

Il y navigue des vaisseaux
Légers comme des illusions
Qui descendent au fil de l'eau:
Heureux qui sait leurs intentions.

Et les feuillages qui soupirent
Des contes à dormir debout
Se gardent bien de dire tout
Par crainte de nous voir en rire...

               ***


lundi 26 septembre 2011

A l'éphémère.

            

            

Ces derniers beaux jours ont le goût
D'un vin de nouvelles vendanges,
Les souvenirs en sont le moût,
L'insouciance, la force étrange.
On sent dans la douceur de l'air
Quelquechose d'inexprimable,
Comme un regret des matins clairs
Et des midis couleur de sable
Mêlé d'impensable gaieté,
Chaque heure dit que le temps passe,
On cesse pourtant de compter;
L'oubli vient en couvrir les traces.
Hier était encore en été,
Voici les premières mouettes,
Au vent d'ouest s'en vont chanter
A l'unisson, les girouettes,
Il vous vient l'envie de partir
Je ne sais où à l'aventure
Pour retrouver et ressentir
Ce qui ne s'apprend ni ne dure.

               ***

Solvet Saeclum. Danse Macabre.

          

Avez-vous vu sur l'horizon
Se lever une aube si noire
Que l'espoir semble sans raison
Et la prière dérisoire ?

Entendez-vous au loin ces pleurs,
Ces lamentations et ces plaintes ?
Un monde hurle sa douleur
Sous la plus implacable étreinte.

Voyez-vous se dresser là-bas,
Souriant aux heures amères
Et la faux pendue à son bras,
La Mort aux haillons de misère ?

Dansez abbés, dansez marchands,
Dansez vous tous, grands de ce monde,
Dansez bourgeois et paysans,
Elle vous invite à la ronde.

Adieu plaisirs, adieu beauté,
Adieu pouvoir, adieu richesses,
Chacun meurt en égalité
Dans la peine et dans la tristesse.

Venez danser petits et grands,
Jeunes et vieux, hommes et femmes
Sur fond de ciel noir et de flammes,
Venez danser votre tourment.

              ***


samedi 24 septembre 2011

Vieilleries.



Des nuages au fil de l'eau,
D'ombres et de lumières,
De vieux toits et de vieux canaux
Bordés de vieilles pierres,
Vingt siècles en un seul tableau,
Des parures altières
Aux gloires qui sonnent si faux
Et à quelles misères,
A quelles gerbes de drapeaux
Noyés dans la rivière ?

         ***