Sonnet III : "Le
vendredi-saint fut le jour où il devint amoureux."[1]
Ce fut ce jour sinistre où le soleil pâlît
Pour suivre le Seigneur au bout de son
supplice
Que, ne me gardant point, ces beaux yeux,
vos complices,
Ont en votre prison, mon cœur enseveli.
Ce jour où, pour chacun, tout bonheur s’abolit,
Où l’on boit l’amertume en un commun calice,
Je n’aurais jamais cru que l’Amour entre en
lice
Et j’allais sans soupçon au sein d’un pieux
oubli.
Il me vit désarmé, la voie était ouverte
De mes yeux à mon cœur, sa flèche était
experte
Et mon cœur par mes yeux, en larmes se
résout.
Mais puisqu’il me voyait ce jour-là sans
défense
Il y eût peu d’honneur, tout du moins je le
pense,
Que cet archer me frappe et se cache de
vous.
***
[1] Dans :
Canzoniere – Pétrarque. nrf.
Poésie/Gallimard. 1983.
Photos: jardins du palais de l'évêché. Albi.Tarn.