mercredi 26 septembre 2012

Trois Fenêtres.





A trois fenêtres différentes,
Autour de moi l'automne gris,
Les heures cette fois sont lentes,
Ce qui m'entoure me contente,
Que désirer de plus: j'écris.

Je n'en espère pas de rente,
Chacun, je crois, l'a bien compris;
Je fais ici ce qui me tente
A trois fenêtres différentes.

A l'une je vois des passantes,
A l'autre des arbres roussis,
A la troisième je déchante:
Il n'y a rien à voir ici
Mais je passe mon temps ainsi
A trois fenêtres différentes.

                ***


vendredi 21 septembre 2012

Vieillir...





Il est allé s'asseoir, un beau matin d'automne,
Seul sur un banc de bois dans un jardin public,
S'asseoir dans le soleil où la chaleur lui donne
Un reste de plaisir et cela tombe à pic.
Le temps de la vieillesse est un temps solitaire
Où l'heure se distend, où le passé se perd;
Il regarde sans voir, qu'aurait-il d'autre à faire ?
Chez lui nul ne l'attend et le parc est désert.
Combien de liens rompus au bout d'une existence
Et combien d'illusions dans tout ce qu'on a cru ?
Les enfants sont lointains et je sais bien qu'il pense
Que c'est très bien ainsi, qu'ils ne sont pas perdus
Qu'ils sont indépendants et qu'ils vivent leur vie.
Ils étaient beaux ces jours sur le même chemin,
Cet espoir à bâtir, les mots de ce partage.
Mais il savait aussi qu'ils doivent prendre fin,
On ne fait tous unis qu'une part du voyage.
C'est un matin d'automne et il fait asssez frais
Et s'asseoir au soleil sans penser à grand-chose
C'est se faire plaisir encore à peu de frais:
C'est le mieux qu'on espère et le plus que l'on ose.

                          ***

mardi 18 septembre 2012

Retour de Voyage.













Me voici de retour, je ne sais rien de toi,
Pas le plus petit mot, pas la moindre nouvelle,
Le courrier que ce soir j'étale devant moi,
Poussière de dix jours, lettres impersonnelles,
Ne fait que répéter ce que je sais déjà:
Notre temps a passé, plus rien ne nous relie;
Le silence est entier, un autre jour s'en va
Et comme ils sont banals les amants que j'envie !
Promeneur de l'instant, je ne te dirai rien
Des couleurs de l'Automne aux plus beaux paysages,
J'ai retrouvé ces lys où tu les aimes bien
Et j'ai rêvé pour deux d'impossibles partages.
Comme les malheureux je n'ai pas oublié
Dans l'ombre de la nef, et dans combien d'églises,
Au hasard du chemin, d'attendre et de prier,
Tu devines pourquoi sans que je te le dise.


                        ***








mercredi 22 août 2012

Rondeau d'été.



Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,
Dans cette maison de passage
Où j'espère la fin du mois.

La nuit semble monter du bois
Où l'ombre envahit les feuillages,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,

Une route s'en va tout droit
Où le crépuscule s'engage ,
C'est un jour de moins en partage
Et comme je fis autrefois,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage.



samedi 18 août 2012

À la Sainte-Hélène.



Il règne un grand silence
Dans la pièce où j'écris;
Qu'ai-je donc en l'esprit?
Mon amour, ton absence.

Dehors flambe l'été
De quelque canicule
Où la campagne brûle,
Brûlé de tous côtés.

Ce n'est pas jour de fête
Ou bien ce ne l'est plus;
Le champ voudrait qu'il plût
Et ce poème est bête

Car d'autres le liront
Que celle qui l'inspire,
Elle n'en peut rien dire
Et d'autres l'aimeront.

Voilà, vois-tu, Hélène,
Ce qui reste de nous:
Une date. Est-ce tout ?
Non: j'oubliais la peine.

***


samedi 28 juillet 2012

L'été au balcon.






Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon,
Les deux autres que je jette
Pour y faire un compte rond.

Des soucis montés en graine
Et du persil dans le fond,
C'est la joie et c'est l'aubaine
D'un jardinier de salon.

J'ajoute des capucines,
Une chaise dans un coin
Et mon jardin se dessine
Qui vaut Versailles au moins.

Car si tel préfère au marbre
Le si doux ciel angevin,
Je peux bien, même sans arbres,
Mettre au plus haut mon jardin.

Le sourire qui m'y guette
N'en est pas le moindre don;
Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon.

                 ***



vendredi 27 juillet 2012

Je vous offre...





Je vous offre un grand bouquet
D'illusions et de regrets,
De peine, de solitude
Et puis comme d'habitude,
Un sourire et mon espoir,
Un beau jour, de nous revoir.

               ***

Au Crépuscule.



 
Le soleil caresse la plaine
Au crépuscule tard-venant
Des soirs dont la douceur m'entraîne
A retrouver mes anciens chants.

Refrains aux paroles joyeuses,
Venez voleter dans le noir,
Les nuits ne sont pas sourcilleuses
Qui savent écouter sans voir.

C'est la claire voix des fontaines,
C'est le bruissement d'un cyprès,
Dans mon coeur les étés s'enchainent;
Le premier demeure si près...

Le silence apaise la rue,
La fraicheur monte des jardins,
Heures enfuies et revenues
Connaissez-vous le mot "demain" ?

Et l'ombre qui regarde l'ombre
Sourit sans dire un mot de plus;
L'ultime lueur du jour sombre
Et comme autrefois je conclus.

                    ***



Amour de lonh (1).


                  
 Le jour va bientôt se lever,
"Plus-qu'Aimée", il faut être prête,
J'annonce à ta nuit qui s'entête
Que notre aube est près d'arriver.

"Amour de loin", joie incertaine
De tant de nos rêves brisés,
Il est temps à nouveau d'oser
Suivre le flot qui nous entraine.

"Plus-qu'Aimée" au travers du temps,
Regarde où mon regard se porte,
Tends bien l'oreille, ouvre ta porte,
L'avenir a les mots du vent.

Guette ce rayon de lumière
Que la nuit n'arrêtera point,
Il luit pour nous "Amour de loin",
A jeter bas l'ombre et la pierre.

                   ***

(1) l'amour de "lonh" c'est l'amour de loin, l'amour pour une dame lointaine des troubadours de langue d'oc.

vendredi 8 juin 2012

Le vent du Crépuscule.



Le vent qui souffle au crépuscule
Vient du pays que nous aimions,
Une tendresse qui me brûle,
Un rire comme une illusion...

Frangés d'ors vieillis et de rose
Le ciel de ce soir est moins gris
Que ces souvenirs où repose
L'amour dont nous étions épris.

Il souffle ce vent de la côte
Où le soir a le goût du sel
Mais l'ombre qui s'allonge m'ôte
Ce que je croyais éternel.

Au bout des toits où la lumière
Décroît, il meurt notre horizon
D'amour, d'émois et de prières;
Le vent s'attarde sans raison.

Voulez-vous que je vous l'écrive
Comme je faisais autrefois ?
Je crains que les mots ne dérivent,
Je crains de n'écrire plus droit.

Vous n'en feriez pas la lecture,
Vous vous tromperiez sur le sens,
La vie est quelquefois si dure
Qui prend la dîme avec le cens...

Que d'années vaines je dénombre...
Voilà, le couchant s'est éteint,
Je pense à vous dans la pénombre,
Ici, le poème prend fin.
Vous le trouverez ridicule,
L'est-il plus que vos trahisons ?
Le vent qui souffle au crépuscule,
Le vent, s'attarde sans raison.

             ***

mercredi 6 juin 2012

Encore.



J'écris encor de mes tristesses,
L'averse fuit, le ciel est gris,
Je pense à d'anciennes promesses,
Je me souviens, je fais le tri
De ces heures de tant d'années.
Si peu me restent à l'esprit,
Combien, et tant, d'abandonnées
Dont je ne suis pas trop surpris;
L'averse fuit, le ciel est gris.

Et vous mes amours toutes belles,
Vous dont je me suis tant épris,
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
Les derniers printemps m'ont tout pris.
Sans doute mon coeur se rebelle
Quoique mon âme l'ait compris:
Tout ce que ma plume rappelle,
Je l'ai de longtemps désappris.
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
L'averse fuit, le ciel est gris.

                ***


Pourquoi.





Pourquoi les jours se sont raidis
Et pourquoi je cours et je peine,
Je le sais bien et je me dis:
Ce temps que le Destin égrène
Il faut qu'il soit enfin le mien.
Pour pleurer autant que pour rire,
Sans compter quand, comment, combien,
Pour aller vers ce qui m'attire -
Quitte à ne pas aller bien loin -,
Pour m'étonner et pour comprendre
Et pour n'avoir plus d'autre soin
Que de voir, de chercher, d'entendre,
Il faut que je saute le pas,
Il faut que le temps m'appartienne
Et sans boussole et sans compas
Que je suive la route ancienne
Que je n'ai pas prise autrefois
Pour n'avoir pas eu le courage
De n'être rien d'autre que moi:
Un amant des mots et des pages.

                  ***



samedi 26 mai 2012

Infini.






Mon amour est un infini
Qui passera toute mesure,
C'est un espoir jamais terni
Et qui ne connait point l'usure.

Mon amour ignore le temps,
Il ne connaît pas la faiblesse,
Mon amour sait ce qu'il attend
Et ce qu'il poursuivra sans cesse.

             ***

dimanche 6 mai 2012

Ombres et Parfum.






Je respire un parfum, venu d'un monde enfui,
Une ombre, un frôlement qui passe dans la nuit,
Fantôme triste et lent d'une douceur ancienne,
Comme ces rêves gris qui s'en vont et reviennent,
Timides obstinés à l'heure où l'aube naît.
Où donc meurt cet écho des voix qui m'emmenaient
Par les sentiers obscurs sur les terres du rêve
Où les murs ne sont plus ? Hélas , les nuits sont brèves
Et c'est un au-revoir à jamais poursuivi,
Le parfum de ce monde et ce nom qui s'enfuit.

                       ***

lundi 30 avril 2012

Incertitudes.



On n'écrit pas facilement
Quand le lendemain vous soucie
Et le vers manque d'harmonie
Dont les pieds boîtent bien souvent,
Butant au bord de chaque rime.
On écrit mal la tête ailleurs,
L'esprit inquiet, la crainte au coeur
Et les yeux tournés vers l'abîme.
On chante peu dans les ennuis,
Quand le fardeau grandit encore
A l'heure sombre avant l'aurore,
Le pire moment de la nuit.
Aucun refrain ne vous inspire
Si ce n'est celui des mots pieux
Où l'âme s'en remet à Dieu
Lorsque la raison craint le pire.

            ***

Regrets d'Italie.




Et le lion de Venise et Saint-Georges de Gênes
Savent bien tous les deux tout le poids de ma peine
Et le peu de bonheur que j'attends de la vie
Depuis que j'ai quitté la terre d'Italie,
La Sienne des banquiers, la Rome des Césars,
Et l'éternel amant qui pleure dans Vérone,
Et le Lys Laurentin qui protégeait les arts,
Les remparts de Milan, les violons de Crémone...
Et quand retournerai-je et si cela sera,
Je n'en puis acquérir aucune certitude,
Le chemin du départ est un chemin ingrat,
Sinueux dans son cours et pavé d'inquiétudes.
Combien vont me manquer Assise et Saint-François,
Je reverrai longtemps Naples, la Thyrénienne...
On ne mesure pas tout ce que l'on reçoit
Avant que de le perdre et qu'un autre âge vienne.

                       ***



lundi 16 avril 2012

Bavardage.



Le crépuscule envahit la maison,
C'est le moment que j'apprécie,
La plume en main, assis dans l'ombre du salon,
Seul, je me raconte ma vie.

Je fus toujours et resterai bavard,
Quitte à dire bien des sottises;
La nuit s'en vient et j'écris au hasard
Les mots d'une histoire imprécise.

Cette version sera d'un soir serein,
La prochaine d'une nuit blanche,
La suivante aura fait bien des emprunts,
La dernière est de quatre planches.

L'ai-je inventé ? L'ai-je vécu ? J'écris.
Mes histoires sont infidèles;
Dans la pénombre où tous les mots se mêlent,
Vous l'ignorez mais j'en souris.


                 ***

mercredi 4 avril 2012

Avril 2012.







Avril; il pleut sur l'avenue
Où les tilleuls attendent mai
Et je marche l'âme déçue
Loin de la femme que j'aimais.

Sur le pont les gouttes ruissellent
Mais vous n'habitez plus ce quai;
J'ai vu revenir l'hirondelle,
Vous resterez loin je le sais.

Il pleut une pluie éternelle
Dont la ville, inlassablement,
Fredonne la chanson mortelle
Qui vient séparer les amants.

Croyez-vous que je vous oublie
Aux premiers jours de ce printemps
Qui pleure d'une longue pluie
Les plus heureux de mes instants ?

            ***

dimanche 1 avril 2012

Voici.



Voici venir un beau Printemps
Rempli d'une douceur de vivre
Et de lumière dont s'enivrent
Jusqu'aux murs sombres des couvents,
Jusqu'aux murs tristes des écoles,
Jusqu'aux murs épais des prisons.
Voici le temps des horizons
Que plus une ombre ne désole,
Il court sur les chemins joyeux
Mille projets de fantaisie,
Des chansons au refrain de vie
Et mille amours sous mille aspects!
Voici l'or de la primevère
Et le chant du coucou des bois;
Viendrez-vous encore avec moi
Des bois profonds à la rivière
Et de la colline au verger
Pour retrouver l'heure première
Quand la promesse était prière
Et le moindre doute étranger ?

               ***


Dimanche des Rameaux.




Voici l'Oint du Seigneur chevauchant une ânesse
Qui dans Jérusalem voit la foule en liesse
L'accueillir à grands cris en ce jour des Rameaux
Car elle croit qu'Il vient pour guérir tous ses maux,
Règner sur Israël, un peuple à nouveau libre,
Qu'Il vient pour l'exalter, pour diriger et vivre.
Mais le Christ est venu pour bien plus que cela
Et la foule, à cinq jours de ce très beau jour là,
Ne l'ayant pas compris et furieuse et déçue
D'avoir pour rien porté cet Homme jusqu'aux nues,
Répondant à Pilate, enverra par son choix,
Barrabas dans le monde et Jésus sur la croix.

                   ***