mercredi 8 décembre 2021

Un refrain des mélancolies.

 

 


 

Le long des trottoirs rectilignes,

  nous passons et vous et moi

Avec le cœur qui se résigne

A se passer de grands émois,

L’indifférence du printemps

Que rythme le froid des averses

S’exhale, morne, en ajoutant

Aux peines que les jours traversent.

 

Aux jardins abolis des fleurs

Les parterres ont l’abondance

Dont la disette et le malheur

Offrent volontiers l’apparence.

Des centres-villes aux faubourgs

Un refrain des mélancolies,

Grise musique de toujours

Et de jamais que nul n’oublie…

 

Votre regard désabusé

Me dit assez ce que je pense,

A quoi servirait de gloser ?

Un rideau de grêle s’avance

Sur le carrefour déserté,

C’est au petit bonheur la chance

Qu’on gagne ou perd sa liberté

Et les mots n’ont plus d’importance.

 

                               ***       

mardi 7 décembre 2021

Sonnet historique.

 

 


 

Mon vers va-t’en trouver la Dame de Cythère[1],

Demande lui pourquoi son temple est déserté

Et pourquoi donc son fils[2] qui parcourait mes terres

Paraît bien à jamais vouloir s’en absenter.

 

Qu’à mon corps défendant on me voit solitaire,

Mon cœur toujours ardent ne peut-il l’attester 

En ce moment piteux à mes vœux si contraire

Où ma foi lui demeure et ma fidélité ?

 

La peine que j’endure et le mal qui me ronge,

Croit-elle un seul instant que ce soit un mensonge ?

Que sans elle un amant parvienne à subsister ?

 

Va la trouver, mon vers, et fais-lui ces reproches,

Invoque sa pitié sur ma débilité

Et reviens m’affirmer que son retour est proche.

 

                               ***


[1] Vénus/Aphrodite née de la mer près de l’île de Cythère qui lui vaut son nom de « Cythérée ».

[2] Il s’agit d’Eros, l’Amour.

samedi 4 décembre 2021

Couleur de feuille morte.

 

 


 

« Octobre », en un mot de la sorte

On imagine tout le mois :

Ce sont, couleur de feuille morte

Les champs, les buissons et les bois,

C’est l’odeur d’un feu de branchages

Qu’on brûle au coin d’une maison,

C’est celle aussi des champignons

Par les sentiers où l’on s’engage,

C’est celle, humide, des jardins,

C’est la brume au fond des vallées

Et le soleil froid du matin,

Ce sont les roses en-allées,

Les ombres courtisant la nuit

En même temps qu’elles s’allongent,

C’est l’incertitude d’un songe

Qui malgré tout vous a séduit.

 

                               ***