dimanche 9 février 2014

À Jeûn.




Le soir s'en vient, le soleil s'effiloche,
Le ciel pâlit, les nuages au vent
Passent du rose au vieux gris "fond de poche";
Le soir s'en vient, le soleil s'effiloche.

Les bois sont noirs et la nuit se fait proche,
La nuit ? Qu'importe! Il faut dîner avant,
Qui compte plus que d'écrire en rêvant
Du soir ou du soleil qui s'effilochent,
Des nuages, du ciel ou bien du vent.

                           ***
 

samedi 8 février 2014

D'Aube.




D'aube au-dessus des bois
Comme une splendide promesse
Au petit matin froid,
La flamme ancienne de l'ivresse
Qui précède le choix.

Il faut sourire à la tempête
Qui brûle au ciel lointain
Des amours comme des conquêtes,
Des rêves incertains
Et de nos impossibles fêtes.

L'ombre à jamais n'est rien
Que pareille aurore domine
Et la nuit le sait bien
Quand l'obscur des forêts dessinne
Ce que le jour contient
Et que la lumière s'accroit
D'aube au-dessus des toits.

vendredi 7 février 2014

Dis-moi.




Dis-moi, tout petit bout de femme
Qui dort au loin, je ne sais où,
Si le même amour te réclame
D'aimer envers et contre tout;
Dis-moi, tout petit bout de femme ?

Dis-moi ce que cette année trame,
Dis-moi qu'en espérant beaucoup
Aucun amour ne se condamne
Ni ne se perd du tout au tout
Et que nous avons rendez-vous
Au détour des chemins de l'âme,
Dis-moi tout peti bout de femme
Qui dort au loin, je ne sais où

jeudi 6 février 2014

Inquiétude de Saison.



Un tel soleil en févriet ?
Voilà que les arbres s'étonnent; 
Qu'ils soient chênes ou pleupliers,
Cela frémit, cela bougonne:
Un tel soleil en février ?

Dans l'hiver du calendrier,
La douceur du ciel bleu détonne,
Entre charmes et coudriers
On se récrie et l'on raisonne:
Mars pourrait être meurtrier
Juste quand les  bourgeons fleuronnent,
Un hiver qui s'est fait prier
À mai, quequefois se cramponne;
Un tel soleil en février ?
On s'interroge et l'on marmonne, 
Dans les bois, au bord des sentiers,
Voilà que les arbres s'étonnent.

                         ***

mardi 4 février 2014

Le Chèvre-feuille. Moralité.





En croisant hier un chèvre-feuille
Qu'on voyait pousser hardiment,
Je me disais:"Quoique l'on veuille,
C'est vivre dangereusement,
Nous ne sommes qu'en février.
Que s'imagine cette plante ?
Le gel, sans se faire prier,
Peut encor brûler l'insolente
Qui vient annoncer un printemps
Dont nul n'entrevoit l'existence."
Certains hommes en font autant: 
Ils manquent beaucoup de prudence.

                    



lundi 3 février 2014

Flamme et Charbon.

Cela ne dure pas une heure
Où tout n'est que flamme et charbon,
Voilà que plus rien n'en demeure
Que la nuit en toile de fond:
Cela ne dure pas une heure.

Si la majesté n'est qu'un leurre,
Peut-être bien que la raison...
Cela ne dure pas une heure. 
Où tout n'est que flamme et chardons.



dimanche 2 février 2014

La Retraite.





Comme autrefois, dans mon enfance,
J'attends le bout du mois de juin
Où l'école touche à sa fin,
Je rêve de grandes vacances.

De longs et beaux jours de loisir,
Dans la plus joyeuse insouciance,
Où les matins et les soirs dansent
Au grand jardin de mes désirs.

Combien de fois déjà, déçu,
J'ai tourné le dos à mon rêve
Pour retourner peiner sans trêve
Dans ce monde si décousu !

Voici le temps qui m'en libère,
J'ai bu la coupe à satiété,
Voici que la sérénité
Chassera les heures amères.

Le temps de l'école est fini,
Adieu mes pauvres jours ternis,
Voici que débute en avance
Le temps de mes grandes vacances !

                    ***


Sillons de Pluie.





Sillons de pluie, sillons de terre
Et flaques d'eau sur les chemins
Sous le ciel que le vent lacère,
Sillons de pluie, sillons de terre.

Le temps compose à sa manière
Et je le transcris de ma main:
Sillons de pluie, sillons de terre
Et flaques d'eau sur les chemins.

                 ***

vendredi 31 janvier 2014

Les Nuages Bleus.





Le soleil déclinant sous des nuages bleus
Illumine ceux-ci de vieil or et de rose,
Accueillant l'heure où s'allument les feux,
Il sonne à l'horizon de noirs clochers moroses.

Il danse une ombre douce aux gouttières des toits
Et un rire léger court au fond des feuillages,
Du carrefour désert aux quatre chemins cois
Le calme de la nuit est le seul paysage.

Que la paix soit sur vous et accueillez joyeux
Le soleil déclinant sous des nuages bleus.

                       ***

jeudi 30 janvier 2014

Le Conteur.





Mettez un sou dans la corbeille
Et je vous dirai les merveilles
Du pays où les pierrres poussent
Dans la nuit bleue des lunes rousses,
Je vous conterai sans mentir
Les fautes et les repentir
Duprince-héritier des groseilles,
Des scarabés, des perce-oreilles;

Mettez un sou dans la corbeille !

Je vous dirai le chardon-fleur
Qui ne veut pas pousser ailleurs
Et la douceur où l'ombre veille
Et ce que l'oubli nous conseille,
Je vous dirai la voile au vent
Et je vous dirai le torrent
Que les étoiles ensoleillent
A l'heure où les échos s'éveillent;

Mettez un sou dans la corbeille !

                   ***

mercredi 29 janvier 2014

Le Mot Chemin.





Apportez-moi le mot: chemin,
Je vous rimerai l'aventure
Mais si vous me dites: demain
Je vous rimerai l'imposture,
L'imposture et le faux semblant,
Ce qui n'est que littérature,
Ce qui commence sans talent
Et finit par une rature.
Apportez-loi le mot: destin,
Je vous jetterai en pâture
Le simple mot de "plaisantin",
Celui d'esquisse ou bien d'épure.

                  ***

La Ville.





Les quais s'en vont au grand soleil
A quelques pas de la rivière
Où la mouette tient conseil
Sur le rebord d'un pont de pierre,
D'un pont de pierre au grand soleil.

On dit que la tour était haute
Au débouché des vieux canaux,
Du temps du commerce des nautes
Qui manœuvraient de grands bateaux
Dans le dédale des canaux.

On dit que la ville était riche,
Que ses bourgeois, que ses marchands,
Pour le boire n'étaient pas chiches,
Ni pour le manger mécréants,
Comme tout bourgeois ou marchand.

Il y avait des couleuvrines,
Il y avait des fauconneaux
Sur les murailles citadines,
Des herses barraient les chenaux
Au bas des portes citadines.

Entre pavés de vieille souche
On connait ce passé par coeur
Mais vous, je ne sais s'il vous touche,
Vous l'avez peut-être en horreur
Si vous venez d'une autre souche.

                   ***


lundi 27 janvier 2014

L'Amour heureux ou....





L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut;
Vous le savez mieux que personne,
Il se reprend, il se redonne...

Quoique l'on veuille, on y fait peu,
Il se rebiffe ou s'abandonne;
L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut.

Mais qu'il murmure ou qu'il claironne,
Qu'il s'attendrisse ou qu'il raisonne,
L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut
Sans faire acception de personne.

                       ***

dimanche 26 janvier 2014

Aube-crépuscule.





L'aube, parfois, ressemble au crépuscule,
Ombre semblable au fil du temps enfui,
De vains regrets en peines majuscules
L'aube, parfois, ressemble au crépuscule.

L'écho se meurt, est-ce moi qui recule
Ou bien le jour qui recherche la nuit ?
L'aube, parfois, ressemble au crépuscule,
Ombre semblable au fil du temps enfui.

                        ***

samedi 25 janvier 2014

Après-midi d'hiver dans les Vosges.






Une tour de gré rose
Qui regarde l'hiver
Sur des sapins moroses
Où le jour froid se perd,
La brume sur la plaine
Où le jour va finir,
La lueur incertaine
Que le soir va ternir
Au bord du cerne mauve
Des flaques du chemin
Et dans les sous-bois fauves,
Le fût si clair des pins
Et nos pas qui cheminent
Jusqu'au terme du jour
Que déjà l'on devine
Dans chaque ombre alentour.

             ***

vendredi 24 janvier 2014

Les "Grands".





Les "Grands" sont-ils si grands
Que je me trouve infime
De n'être pas au même rang;
Les "Grands" sont-ils si grands ?

Si mon compte courant
Est plus plat que mes rimes,
Les "Grands" sont-ils si grands
Que je me trouve infime ?

               ***

mercredi 22 janvier 2014

Platanes.




L'ombre légère des platanes,
Sur les trottoirs redit l'été
Lorsque les filles s'y pavanent,
A l'ombre douce des platanes.

Sur la place qui s'enrubanne
Aux bals des dimanches fêtés,
L'ombre légère des platanes
Sur les trottoirs redit l'été,

Et les longues heures en panne
Qu'on se plaît à ne pas compter
Et ces amours en filigrane
Que l'on vit sans les raconter
Quand l'ombre douce des platanes
Sur les trottoirs redit l'été.

             *** 

Extrait du Tiers Livre des Triolets.

Banlieue d'Hiver.





Il fait un temps de vieux gilet,
Un temps de bure monacale,
De gouttières inamicales
Où le silence gris se plaît
Aux vitres sales des fenêtres
Et au demi-jour des paliers
Où montent de vieux escaliers,
Tout pareils aux vôtres peut-être.
Il fait un matin de janvier
Sur un autre siècle d'histoire
Où la brique a plus de mémoire
Que des coffres de vieux papiers,
Un matin d'un hiver humide,
Sinistre de ses arbres nus,
Du blême des mes murs malvenus
Et de rares sapins rigides.

             ***



jeudi 26 décembre 2013

Écrits.



Faute de mieux la nuit,
Une phrase après l'autre,
Je trace ce qui suit,
Faute de mieux la nuit.

Poème d'un ennui,
Ni le mien, ni le vôtre,
Faute de mieux la nuit,
Une phrase après l'autre.
        
                ***

mardi 10 décembre 2013

Les Heures de la Nuit.



 
 
 
Elles vont, lentes et profondes,
Ce sont les heures de la nuit
Et c'est le silence du monde,
L'âge que l'angoisse conduit
Quand la mémoire vagabonde
Entre d'abord et aujourd'hui.
Ce sont les heures infécondes
Et l'amertume qui les suit
Ne pouvant avoir de faconde
Prend le visage de l'ennui.
La première avec la seconde
Et la troisième qui les suit
A toutes celles qu'elles fondent
Redisent en chœur: "Je ne puis."
Ecoutez; leurs voix se répondent,
Sans fin, hier enchaîne aujourd'hui:
 
Ce sont les heures de la nuit.
 
              ***