lundi 22 octobre 2012
Les chemins silencieux.
Automne, feuilles mortes
Et chemins silencieux,
Déjà demain t'emporte;
Automne et feuilles mortes.
Amour, ferme la porte
Il ne reste en ces lieux
Qu'Automne et feuilles mortes
Aux chemins silencieux.
***
samedi 20 octobre 2012
Deux amants.
Deux amants. Écoute et rêvons:
Au milieu coule une rivière,
De rive à rive toujours, un pont;
Deux amants. Écoute et rêvons.
Faisons quelques pas et ce pont,
De bois, d'acier ou bien de pierre,
Rêvons que nous le traversons
Et qu'en oubliant la rivière
Au milieu nous nous embrassons.
Ce serait la bonne manière,
Ce serait la bonne façon
Pour deux amants d'user d'un pont.
***
vendredi 19 octobre 2012
Souvenir.
Lorsque j'étais petit ou pas bien grand,
Je croyais à mes jeux: j'étais poète,
Je versifiais avec des mots d'enfant,
Très maladroits, ce que j'avais en tête.
Douze tomes d'Hugo pour le destin,
Un seul, précieux, de Nerval pour le style,
Tout était dit, j'irais à bonne fin.
Ma rime était et bancale et futile,
Je claudiquais de strophes en sonnets,
N'importe ! Alors, je me racontais mon histoire,
La moindre idée et le moindre couplet,
Demain, bien sûr, serviraient à ma gloire...
Ces beaux jours là sont loin derrière moi:
J'ai choisi mon métier, gagné ma vie
Plus ou moins bien, bref, j'ai suivi la loi
De notre monde où l'enfant se renie
Pour devenir adulte et pour compter,
Compter l'argent que l'on gagne à grand-peine,
Tous les soucis, les fardeaux à porter,
Pour compter ses échecs, compter ses heures,
Enfin pour vivre ainsi que d'autres font
Et du poète enfant ne me demeure,
Vous le voyez, pas même un petit fond...
***
mercredi 17 octobre 2012
Miroir, mon beau miroir...
Surtout pas de miroir chez moi,
Pas d'argenture qui m'accuse
En me montrant ce qu'elle voit,
Qui démasque mon imposture
Et contredit ce que je crois.
Qu'ai-je besoin qu'on me reflète
Toute ma fatigue et son poids,
Le cheveu qui blanchit ma tête,
Et les rides qu'on aperçoit
Sillonner partout mon visage ?
Si l'on me dit que cet émoi
N'est pas digne d'un homme sage,
Je réponds que, pour une fois,
De passer pour fou m'indiffère!
Ne sais-je pas à mon endroit
Plus que ne sait toute la terre,
Dont ceci que, même à l'étroit,
Je reste l'enfant de naguère ?
Surtout pas de miroir chez moi !
***
mardi 16 octobre 2012
Oracle d'Automne.
Dans les jardins publics que l'Automne a vidé
Des enfants turbulents, des amants attardés,
Les larges flaques d'eau où les averses pleurent
Reflètent les jours gris dont nous comptons les heures.
Le crépuscule meurt dans le froid de la nuit,
Sur le quai silencieux où nul reflet ne luit
Tous les bancs sont déserts et la brume sinue
Entre les ponts de pierre où l'ombre est retenue.
Aux places de la ville il n'est plus de passants,
La flèche d'un clocher prend un air menaçant,
Le moindre carrefour dresse une croix sévère;
Sur le pavé glissant brillent les réverbères.
Que pouvons-nous encore, au mauvais temps venu,
Rêver du lendemain ? L'Amour a répondu:
Comme aux arbres d'Octobre où l'Hiver proche affleure,
Il n'y a feuille au vent qui bien longtemps demeure...
***
lundi 15 octobre 2012
Rose d'Octobre.
Rose d'Octobre à la robe ternie,
Mon coeur vous chante en ce mot "nostalgie",
En ce jardin où vos soeurs défleuries
Marquent ce jour de leur mélancolie.
L'été s'oublie et sa promesse est loin,
La terre est nue où nous fîmes les foins
Et dans ce bois que le soir a rejoint
A votre nom l'écho ne répond point.
Brumes de l'aube où le présent s'estompe,
Trop indistinct chaque passant me trompe
Et mon espoir que ces fantômes rompent
En est réduit à vos sinistres pompes.
Rose improbable aux nuances du temps
Vous qui bravez la froidure et le vent,
D'un seul bouton je me tiendrai content:
Refleurissez où mon coeur vous attend.
***
jeudi 11 octobre 2012
Feuilles d'Automne.
Comme la forêt s'éclaircit
De ce feuillage qui s'envole
Au vent froid des saisons, ainsi
Mon horizon des heures folles
Qu'enfin emporte et que saisit
Le cours indifférent des heures
Qui vagabondent vers l'oubli.
Sous le ciel gris d'automne meurent,
Sans même exaler un soupir,
Unis, sourires et souffrances,
Echecs, espoirs et repentirs.
Les mots ont perdu leur outrance,
Les souvenirs, leur acuité,
Les sentiments, leur importance,
Le pardon, ses difficultés
Et le regret, ses remontrances.
***
lundi 1 octobre 2012
La libre cigale...
Que faire d'autre que chanter,
Fusse chanter des choses tristes
Lorsque l'on ne sait pas compter ?
Si je suis un peu pessimiste
Cela tient à ma liberté,
Une guenille qui me coûte
Plus que je n'en puis raconter.
Et fleurit au milieu du doute.
Je ne suis pas bon en affaires,
En gloire, en gains et en profits,
Peut-être qu'en vocabulaire
J'ai mieux relevé le défi.
Je suis du peuple des cigales,
Des cigales sans illusions
Qui vivent souvent assez pâles
Et sans nourrir de prétentions.
***
mercredi 26 septembre 2012
Trois Fenêtres.
A trois fenêtres différentes,
Autour de moi l'automne gris,
Les heures cette fois sont lentes,
Ce qui m'entoure me contente,
Que désirer de plus: j'écris.
Je n'en espère pas de rente,
Chacun, je crois, l'a bien compris;
Je fais ici ce qui me tente
A trois fenêtres différentes.
A l'une je vois des passantes,
A l'autre des arbres roussis,
A la troisième je déchante:
Il n'y a rien à voir ici
Mais je passe mon temps ainsi
A trois fenêtres différentes.
***
vendredi 21 septembre 2012
Vieillir...
Il est allé s'asseoir, un beau matin d'automne,
Seul sur un banc de bois dans un jardin public,
S'asseoir dans le soleil où la chaleur lui donne
Un reste de plaisir et cela tombe à pic.
Le temps de la vieillesse est un temps solitaire
Où l'heure se distend, où le passé se perd;
Il regarde sans voir, qu'aurait-il d'autre à faire ?
Chez lui nul ne l'attend et le parc est désert.
Combien de liens rompus au bout d'une existence
Et combien d'illusions dans tout ce qu'on a cru ?
Les enfants sont lointains et je sais bien qu'il pense
Que c'est très bien ainsi, qu'ils ne sont pas perdus
Qu'ils sont indépendants et qu'ils vivent leur vie.
Ils étaient beaux ces jours sur le même chemin,
Cet espoir à bâtir, les mots de ce partage.
Mais il savait aussi qu'ils doivent prendre fin,
On ne fait tous unis qu'une part du voyage.
C'est un matin d'automne et il fait asssez frais
Et s'asseoir au soleil sans penser à grand-chose
C'est se faire plaisir encore à peu de frais:
C'est le mieux qu'on espère et le plus que l'on ose.
***
mardi 18 septembre 2012
Retour de Voyage.
Me voici de retour, je ne sais rien de toi,
Pas le plus petit mot, pas la moindre nouvelle,Le courrier que ce soir j'étale devant moi,
Poussière de dix jours, lettres impersonnelles,
Ne fait que répéter ce que je sais déjà:
Notre temps a passé, plus rien ne nous relie;
Le silence est entier, un autre jour s'en va
Et comme ils sont banals les amants que j'envie !
Promeneur de l'instant, je ne te dirai rien
Des couleurs de l'Automne aux plus beaux paysages,
J'ai retrouvé ces lys où tu les aimes bien
Et j'ai rêvé pour deux d'impossibles partages.
Comme les malheureux je n'ai pas oublié
Dans l'ombre de la nef, et dans combien d'églises,
Au hasard du chemin, d'attendre et de prier,
Tu devines pourquoi sans que je te le dise.
***
mercredi 22 août 2012
Rondeau d'été.
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,
Dans cette maison de passage
Où j'espère la fin du mois.
La nuit semble monter du bois
Où l'ombre envahit les feuillages,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,
Une route s'en va tout droit
Où le crépuscule s'engage ,
C'est un jour de moins en partage
Et comme je fis autrefois,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage.
samedi 18 août 2012
À la Sainte-Hélène.
Il règne un grand silence
Dans la pièce où j'écris;
Qu'ai-je donc en l'esprit?
Mon amour, ton absence.
Dehors flambe l'été
De quelque canicule
Où la campagne brûle,
Brûlé de tous côtés.
Ce n'est pas jour de fête
Ou bien ce ne l'est plus;
Le champ voudrait qu'il plût
Et ce poème est bête
Car d'autres le liront
Que celle qui l'inspire,
Elle n'en peut rien dire
Et d'autres l'aimeront.
Voilà, vois-tu, Hélène,
Ce qui reste de nous:
Une date. Est-ce tout ?
Non: j'oubliais la peine.
***
samedi 28 juillet 2012
L'été au balcon.
Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon,
Les deux autres que je jette
Pour y faire un compte rond.
Des soucis montés en graine
Et du persil dans le fond,
C'est la joie et c'est l'aubaine
D'un jardinier de salon.
J'ajoute des capucines,
Une chaise dans un coin
Et mon jardin se dessine
Qui vaut Versailles au moins.
Car si tel préfère au marbre
Le si doux ciel angevin,
Je peux bien, même sans arbres,
Mettre au plus haut mon jardin.
Le sourire qui m'y guette
N'en est pas le moindre don;
Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon.
***
vendredi 27 juillet 2012
Je vous offre...
Je vous offre un grand bouquet
D'illusions et de regrets,
De peine, de solitude
Et puis comme d'habitude,
Un sourire et mon espoir,
Un beau jour, de nous revoir.
***
Au Crépuscule.
Le soleil caresse la plaine
Au crépuscule tard-venant
Des soirs dont la douceur m'entraîne
A retrouver mes anciens chants.
Refrains aux paroles joyeuses,
Venez voleter dans le noir,
Les nuits ne sont pas sourcilleuses
Qui savent écouter sans voir.
C'est la claire voix des fontaines,
C'est le bruissement d'un cyprès,
Dans mon coeur les étés s'enchainent;
Le premier demeure si près...
Le silence apaise la rue,
La fraicheur monte des jardins,
Heures enfuies et revenues
Connaissez-vous le mot "demain" ?
Et l'ombre qui regarde l'ombre
Sourit sans dire un mot de plus;
L'ultime lueur du jour sombre
Et comme autrefois je conclus.
***
Amour de lonh (1).
Le jour va bientôt se lever,
"Plus-qu'Aimée", il faut être prête,J'annonce à ta nuit qui s'entête
Que notre aube est près d'arriver.
"Amour de loin", joie incertaine
De tant de nos rêves brisés,
Il est temps à nouveau d'oser
Suivre le flot qui nous entraine.
"Plus-qu'Aimée" au travers du temps,
Regarde où mon regard se porte,
Tends bien l'oreille, ouvre ta porte,
L'avenir a les mots du vent.
Guette ce rayon de lumière
Que la nuit n'arrêtera point,
Il luit pour nous "Amour de loin",
A jeter bas l'ombre et la pierre.
***
(1) l'amour de "lonh" c'est l'amour de loin, l'amour pour une dame lointaine des troubadours de langue d'oc.
vendredi 8 juin 2012
Le vent du Crépuscule.
Le vent qui souffle au crépuscule
Vient du pays que nous aimions,
Une tendresse qui me brûle,
Un rire comme une illusion...
Frangés d'ors vieillis et de rose
Le ciel de ce soir est moins gris
Que ces souvenirs où repose
L'amour dont nous étions épris.
Il souffle ce vent de la côte
Où le soir a le goût du sel
Mais l'ombre qui s'allonge m'ôte
Ce que je croyais éternel.
Au bout des toits où la lumière
Décroît, il meurt notre horizon
D'amour, d'émois et de prières;
Le vent s'attarde sans raison.
Voulez-vous que je vous l'écrive
Comme je faisais autrefois ?
Je crains que les mots ne dérivent,
Je crains de n'écrire plus droit.
Vous n'en feriez pas la lecture,
Vous vous tromperiez sur le sens,
La vie est quelquefois si dure
Qui prend la dîme avec le cens...
Que d'années vaines je dénombre...
Voilà, le couchant s'est éteint,
Je pense à vous dans la pénombre,
Ici, le poème prend fin.
Vous le trouverez ridicule,
L'est-il plus que vos trahisons ?
Le vent qui souffle au crépuscule,
Le vent, s'attarde sans raison.
***
mercredi 6 juin 2012
Encore.
J'écris encor de mes tristesses,
L'averse fuit, le ciel est gris,
Je pense à d'anciennes promesses,
Je me souviens, je fais le tri
De ces heures de tant d'années.
Si peu me restent à l'esprit,
Combien, et tant, d'abandonnées
Dont je ne suis pas trop surpris;
L'averse fuit, le ciel est gris.
Et vous mes amours toutes belles,
Vous dont je me suis tant épris,
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
Les derniers printemps m'ont tout pris.
Sans doute mon coeur se rebelle
Quoique mon âme l'ait compris:
Tout ce que ma plume rappelle,
Je l'ai de longtemps désappris.
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
L'averse fuit, le ciel est gris.
***
Pourquoi.
Pourquoi les jours se sont raidis
Et pourquoi je cours et je peine,
Je le sais bien et je me dis:
Ce temps que le Destin égrène
Il faut qu'il soit enfin le mien.
Pour pleurer autant que pour rire,
Sans compter quand, comment, combien,
Pour aller vers ce qui m'attire -
Quitte à ne pas aller bien loin -,
Pour m'étonner et pour comprendre
Et pour n'avoir plus d'autre soin
Que de voir, de chercher, d'entendre,
Il faut que je saute le pas,
Il faut que le temps m'appartienne
Et sans boussole et sans compas
Que je suive la route ancienne
Que je n'ai pas prise autrefois
Pour n'avoir pas eu le courage
De n'être rien d'autre que moi:
Un amant des mots et des pages.
***
Inscription à :
Articles (Atom)