mardi 7 décembre 2021

Sonnet historique.

 

 


 

Mon vers va-t’en trouver la Dame de Cythère[1],

Demande lui pourquoi son temple est déserté

Et pourquoi donc son fils[2] qui parcourait mes terres

Paraît bien à jamais vouloir s’en absenter.

 

Qu’à mon corps défendant on me voit solitaire,

Mon cœur toujours ardent ne peut-il l’attester 

En ce moment piteux à mes vœux si contraire

Où ma foi lui demeure et ma fidélité ?

 

La peine que j’endure et le mal qui me ronge,

Croit-elle un seul instant que ce soit un mensonge ?

Que sans elle un amant parvienne à subsister ?

 

Va la trouver, mon vers, et fais-lui ces reproches,

Invoque sa pitié sur ma débilité

Et reviens m’affirmer que son retour est proche.

 

                               ***


[1] Vénus/Aphrodite née de la mer près de l’île de Cythère qui lui vaut son nom de « Cythérée ».

[2] Il s’agit d’Eros, l’Amour.

samedi 4 décembre 2021

Couleur de feuille morte.

 

 


 

« Octobre », en un mot de la sorte

On imagine tout le mois :

Ce sont, couleur de feuille morte

Les champs, les buissons et les bois,

C’est l’odeur d’un feu de branchages

Qu’on brûle au coin d’une maison,

C’est celle aussi des champignons

Par les sentiers où l’on s’engage,

C’est celle, humide, des jardins,

C’est la brume au fond des vallées

Et le soleil froid du matin,

Ce sont les roses en-allées,

Les ombres courtisant la nuit

En même temps qu’elles s’allongent,

C’est l’incertitude d’un songe

Qui malgré tout vous a séduit.

 

                               ***       

 

 

 

jeudi 2 décembre 2021

Autres Hivers.


 

J’ai vu, ces derniers jours que plus rien n’ensoleille,

De grands vols de corbeaux, de choucas, de corneilles.

Les arbres dépouillés vous racontent l’hiver

Que l’on connaît par cœur ; j’en sais de plus amers

Que les calendriers, comme il se doit, ignorent.

Hivers du cœur et de l’esprit qu’on ne déplore

Que très longtemps après qu’ils se sont envolés.

Hivers des longues nuits, des pays désolés,

Mornes et silencieux, que le froid paralyse,

Où la pensée est morte, où le rire se brise,

Où l’horizon se ferme à toute liberté…

Ils règnent sans partage avec brutalité,

Ce sont ces grands hivers où les cieux s’obscurcissent,

Où, dans le sol gelé, les semences périssent,

Mais qu’on accepte avec « d’excellentes raisons » :

Je sais de tristes jours et d’horribles saisons.

 

                               ***