jeudi 2 décembre 2021

Autres Hivers.


 

J’ai vu, ces derniers jours que plus rien n’ensoleille,

De grands vols de corbeaux, de choucas, de corneilles.

Les arbres dépouillés vous racontent l’hiver

Que l’on connaît par cœur ; j’en sais de plus amers

Que les calendriers, comme il se doit, ignorent.

Hivers du cœur et de l’esprit qu’on ne déplore

Que très longtemps après qu’ils se sont envolés.

Hivers des longues nuits, des pays désolés,

Mornes et silencieux, que le froid paralyse,

Où la pensée est morte, où le rire se brise,

Où l’horizon se ferme à toute liberté…

Ils règnent sans partage avec brutalité,

Ce sont ces grands hivers où les cieux s’obscurcissent,

Où, dans le sol gelé, les semences périssent,

Mais qu’on accepte avec « d’excellentes raisons » :

Je sais de tristes jours et d’horribles saisons.

 

                               ***       

Ballade des Jours Perdus.

 

 


Assis sur une chaise,

Un fauteuil ou un canapé,

Je regarde le temps passer,

Toujours un peu plus mal à l’aise

Sachant pourquoi je suis ému :

Ce sont des jours perdus.

 

Nous n’avons jamais été treize,

Nous n’avons jamais été dix,

Nous avons parfois été six,

Aucun de nous sur les cimaises,

Aucun n’ayant rien obtenu :

Ce sont des jours perdus.

 

Je vois cela comme une ascèse

Qui n’a guère d’utilité ;

A qui voulez-vous raconter

Que la cendre passe la braise ?

Le mauvais sort étant têtu

Ce sont des jours perdus.

 

Quant à vous Jeanne, Henri ou Blaise,

Dorothée, André ou Nicaise,

Si vous ne méditez en m’ayant lu

Ce sont des jours perdus.

 

                               ***

 

mardi 30 novembre 2021

Froidure.

 

 


 

L’hiver vêtu de bure grise

Avec la coule au ras des yeux

Déambule en terre promise :

C’est alentour et autres lieux.

 

Quant à l’été de l’alouette,

Quant au printemps du rossignol,

Si j’en rêve c’est sous la couette,

Bonnet en tête, écharpe au col.

 

Un vent à vilaine figure,

Comme une lame de couteau,

En parcourant ma rue assure

Qu’il m’écorcherait bien la peau.

 

Au fond d’un lit je n’en ai cure

Mais qu’on m’apporte un édredon

Et encore une couverture :

La prudence est un heureux don.

 

En ce moment le duvet compte

Plus que la plume entre mes doigts,

Je m’y tapis ; est-ce une honte

En novembre que d’avoir froid ?

 

                               ***