J’ai vu, ces derniers jours que plus rien n’ensoleille,
De grands vols de corbeaux, de choucas, de corneilles.
Les arbres dépouillés vous racontent l’hiver
Que l’on connaît par cœur ; j’en sais de plus amers
Que les calendriers, comme il se doit, ignorent.
Hivers du cœur et de l’esprit qu’on ne déplore
Que très longtemps après qu’ils se sont envolés.
Hivers des longues nuits, des pays désolés,
Mornes et silencieux, que le froid paralyse,
Où la pensée est morte, où le rire se brise,
Où l’horizon se ferme à toute liberté…
Ils règnent sans partage avec brutalité,
Ce sont ces grands hivers où les cieux s’obscurcissent,
Où, dans le sol gelé, les semences périssent,
Mais qu’on accepte avec « d’excellentes raisons » :
Je sais de tristes jours et d’horribles saisons.
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