dimanche 17 octobre 2010

A Toi:




Sirène.























Avertissement.

Ce n’est pas l’histoire des ports
Où parfois les amants font voile
Lorsqu’ils craignent les coups du sort
Quand leur vaisseaux à pleine toile
Fendent la grisaille des flots,
Mais celle où dessous le ciel triste
La vague dit à demi-mots
Que des courses folles existent.

                ***


Le train s’en va, s’en va au loin,
Un train de nuit
Où vous pleurez, là, dans un coin
Et moi sur le quai de la gare ;
Sinistre Février, minuit s’empare
De quelques souvenirs
Et de vagues promesses
Que l’aube ne pourra tenir,
Je vais au bras de ma tristesse,
Je retourne chez moi.
Froid de l’hiver où les lampes scintillent,
Je vous aime et ma foi
Demeure à quai, un quai dont les rails d’acier brillent…

                ***



Si vous fuyez quand je m’approche,
Vous ne vous plaindrez plus de moi
Ni ne direz qu’Amour décoche
Des flèches d’un médiocre bois,
Si vous fuyez quand je m’approche.

Pour le reste, quoique déçu,
Je ne vous fais aucun reproche -
En ferais-je, l’auriez-vous su ? –
Et souris, les mains dans mes poches
Si vous fuyez quand je m’approche.

                ***


Ce n’est vraiment pas facile
De s’aimer ainsi de loin,
Mais s’en plaindre est inutile,
J’outrepasse et prend soin
De changer mon espérance
En courrier que je vais mettre,
Un de plus, avec constance,
Dans une boîte aux lettres.
Après cela j’attendrai,
C’est sûr, rempli d’impatience
Et je m’imaginerai,
Car j’excelle en cette science,
Les mots qui s’y trouveront,
Le sourire et la tendresse,
L’amour qu’ils exprimeront
Et plus que tout la promesse.

                ***


Celle qui le devrait n’est pas auprès de moi
Et je vis chaque jour, la sachant si lointaine,
La tristesse sans fin de l’attente incertaine
Où hier comme demain pèsent le même poids.

Je n’ai pas de plaisir à tout ce que je vois,
Mon regard est tourné vers cette route vaine
Qui ne peut m’emmener où mon  désir m’entraîne
Et mon âme se meurt de n’avoir point de choix.

Je puis parler sans fin car je parle au silence
Qui ne me contredit pas plus qu’il ne m’encense,
Je puis parler sans fin, elle ne m’entend pas.

IL est donc un amour au goût de solitude
Qui se moque des vers que je compose là
Puisqu’il fait malgré moi son terme d’un prélude.

                ***



Chaque nuit sa couleur
Et chacune son style,
Nuit noire des voleurs
Et nuit claire des villes,
Nuit de nos déceptions
Ou bien nuit de caresses,
Mais combien d’illusions
Avec elles s’empressent…

                ***



La suite est un trop long poème
Pour que je l’écrive aujourd’hui ;
Si je m’y essayais quand même
Cela prendrait toute la nuit.
Les vers y parlaient de tendresse,
D’amour et d’amants réunis,
Le thème était plein de promesses,
Tant pis, pour ce soir j’ai fini !

                ***



Quel est ton rêve ou ton désir ?
La nuit d’été couvre la plaine,
La route suit son bon plaisir
Et pour toi musarde à loisir.

Un temps pour voir, un pour saisir,
Double ballet qu’aucun ne mène ;
Quel est ton rêve ou ton désir ?
La nuit d’été couvre la plaine.

                ***


Que veux-tu donc que je te dise ?
Le soir et nous deux sommes là,
Mais lui glacial et nous très las,
C’est d’ailleurs pourquoi je m’avise
Que nous serions bien mieux au lit
Sous une couette présagée
Plus que moelleuse en ses replis
De chaleur enfin partagée.

                ***


Il y a tant d’incertitudes,
Tant d’obstacles à notre amour
Que je ne sais si quelque jour
Nous en vivrons la plénitude.

Ce ne serait rien d’être loin,
Ce qui me peine et qui m’irrite
C’est d’attendre ainsi, sans limites,
De rêver que je te rejoins,

D’espérer de toutes mes forces
Mais de ne vivre, sûr de rien,
Que les mots qu’un courrier contient
Et la promesse qu’ils amorcent.

Car nul mot ne vaut un regard,
Car nul mot ne vaut un sourire ;
Pour l’amour c’est cela le pire :
De n’en obtenir qu’une part.

                ***


Comme il arrive aussi, c’est un soir de tristesse,
Un de ces soirs sans fin où l’on donnerait tout
Pour un peu de chaleur, pour un mot un peu doux,
La rime est sans raison qui suggère « caresse ».

On voudrait oublier, mais, hélas, rien ne presse,
La mémoire se plaît à retrouver le goût
D’un bonheur disparu et, d’ordinaire flou,
Le souvenir soudain, s’exacerbe sans cesse.

Alors on prend sa plume, on écrit un sonnet
Pour tromper son chagrin, pour tromper ses regrets,
Sans trop qu’on s’y résigne un peu de temps se passe.

La solitude est là dans la nuit qui se tait,
Dans l’abandon de soi, dans l’amertume lasse
Et dans ce lendemain banal et qui le sait.

                ***


Viendras-tu marcher avec moi
Sous cette dentelle de givre
Dont s’ornent les branches des bois
Où le soleil pâle délivre
Mille reflets des feux d’hiver
En mille étincelles de glace ?
Il y aurait, où je me perds,
Au lieu de la mienne, deux traces
Mais aussi proches qu’il se peut
Et dans l’air froid nos deux haleines
Parfois se confondant un peu
Dans la grande forêt sereine.

                ***


Jamais, au grand jamais, Sirène,
Car tu m’attristes de nouveau,
Tu ne rimas mieux avec « peine »,
Jamais, au grand jamais, Sirène.

Sur la route où l’amour nous mène
Chanterai-je  par monts et vaux ?
Jamais, au grand jamais, Sirène,
Car tu m’attristes de nouveau.

                ***


Dis-moi pourquoi, chérie,
La place est vide auprès de moi,
Il fait nuit noire sur les toits
Et tout est rêverie.

Le temps ment-il encore,
N’ai-je pas entendu ta voix ?
C’est en hiver, un matin froid
Où l’attente m’ignore.

                ***


Ce fut un jour très comme il faut
Dont la nuit sera solitaire,
Ce fut un jour fait pour me plaire,
La nuit sera son seul défaut.

J’aurai préféré ta présence,
La discussion ou d’autres jeux –
Mais qui de nous fait ce qu’il veut ? –
Je m’arrangerai du silence.

                ***


Je n’ai pas autant de talent
Que vous voulez bien me le dire
Mais l’expérience seulement
De trente ans passés à écrire.

Je connais bien ces instruments
Et tous les effets qu’on en tire,
Rien de plus que cela vraiment
Et rien qui vaille qu’on l’admire.

J’attache bien plus de valeur
A des plaisirs d’autre nature,
Mais ceux-ci ne sont pas du cœur
Ni du pouvoir, je vous l’assure.

Il me suffit d’un oreiller
Pour me mettre d’humeur joyeuse,
Bon instrument pour oublier,
S’il est fait de plumes moelleuses.

                ***


Mille.

Mille couleurs, mille coutumes
Et mille peurs, mille amertumes,
Mais pour mille mots un silence,
Une mort et une existence.
Mille tourments pour quel bonheur
Mille sentiments pour un cœur,
Et mille espoirs et mille rêves,
Mille océans mais une grève
Où meurt l’instant avec le vent
En mille embruns certainement.

                ***


Rondel-Triolet.

J’écris ce soir, sur ma page, un « sans toi »
Qui me désole et pour demain j’espère.

Car tu viendras ou du moins je le crois,
J’écris ce soir, sur ma page, un « sans toi ».

Aucun chemin de l’amour ne va droit,
Aucun n’est sûr, certains sont mortifères ;
J’écris ce soir, sur ma page, un « sans toi »
Qui me désole et pour demain j’espère.

                ***



Je vous écoute sans vous voir,
C’est votre portrait que je trace
Des mêmes mots aux mêmes soirs,
Je vous écoute sans vous voir.

Après tout que puis-je savoir ?
A l’heure où tant d’autres s’enlacent
Je vous écoute sans vous voir,
C’est votre portrait que je trace.

                ***



Tout en nous promenant au bord de la rivière,
Que n’avons-nous pas dit, que n’avons-nous pas fait ?
Ce qu’à tous les amants en général il plaît
De faire ou bien de dire et de mille manières.

Ici c’est un baiser, là c’est une prière,
C’est peut-être un peu plus, après tout qui le sait ?
C’est conjuguer « aimer » à ce plus que parfait
Qu’ignore la grammaire et que l’amour conquière.

Au bord de la rivière, au bord de la forêt,
Tout le long du chemin ce sont tous les couplets
Du bonheur partagé que l’insouciance entraîne,

Et c’est au fond du cœur, c’est au fond du regard,
Cette tendresse enfin paisible et souveraine
Où la terre et le ciel chacun ont une part.

                ***


Le Lapin aux Pruneaux.

L’amour c’est bien et c’est très beau,
Étonnant, parfois remarquable…
Laissons le lit devant la table,
Parlons du lapin aux pruneaux !

Un mot me vient, c’est : « délectable »,
« Somptueux » ne serait pas faux
Et « merveilleux » très acceptable ;
Mon bonheur est dans tes fourneaux.

                ***



Plus rien à dire ou à chanter
Mais le silence avec l’attente,
Le courant qu’il faut remonter
Et cette progression si lente…

Tu vois, rien ne sert de gloser,
Ce sont là mes seules richesses,
Tout ce que j’ai à proposer,
Bien peu pour combler nos tristesses.

                ***


Des mots sans suite ni valeur,
Des mots qui n’ont ni queue, ni tête,
Un éclat de rire et trois pleurs
Sur une feuille toujours prête…
Et tous ces mots parlent de toi,
De toi ma Douce et mon Amère
Mieux que les mots d’une prière,
D’un hymne d’amour ou de foi.

                ***



Tu ne sais sur quel pied je danse,
L’un ou l’autre quelle importance ?
Tu doutes en parlant d’amour :
J’aimais hier, j’aime toujours.

Mais ces vers font piètre figure,
Ni mot, ni geste ne rassurent,
Tu ne vois que ce que tu crains
Et ton pire est toujours certain.

                ***


Courez mes jours, courez,
Du foyer à l’errance ;
Où donc ai-je égaré
Le rêve et l’ignorance ?
Courez mes jours, courez !

Chacun fait la grimace
Ou bien me rit au nez
Avant de fuir la place
Et de m’abandonner ;
Chacun fait la grimace
Et vous me souriez.

                ***


Si nous nous retrouvons tous deux
Que me restera-t-il à dire,
Voire à rimer ? Je crains le pire,
Le terme au bout d’un si long jeu.

Au fil de leurs péripéties,
Et pour ne point les oublier,
Combien n’ai-je pas détaillé
Nos amours en leur fantaisie,

Jours sombres ou jours de gaieté,
Aux grands hasards de l’existence ;
Je crains maintenant le silence
Comme un hiver après l’été.

                ***



Quelques pages et mon crayon
Telle est ma seule compagnie
A défaut de la vôtre au fond
Dont mon âme eût été ravie.

Les mots sont de vieux compagnons
Mais j’en perds peu à peu l’envie
Au point de trouver le temps long
Quand vous me laissez seul, ma mie.

                ***



Que me donneras-tu demain,
Puis-je l’entendre et toi le dire ?
Tes mots, ton parfum, ton sourire
Et ton amour jusqu’à la fin ?

Que me donneras-tu demain,
Avec ton désir, tes caresses,
Un bonheur qui n’aura de cesse,
Des jours qui ne seront plus vains

Puisqu’ils seront ornés de rires,
D’amusement et de tendresse,
Et s’il me faut enfin l’écrire
Puisque cette question m’oppresse
Que me donneras-tu demain ?
En fait rien d’autre que ta main.

                ***


Nous voici devant Vous, Dieu de concorde,
Dieu d’amour et d’espoir, Maître de tout,
Nous Vous le demandons, bénissez-nous ;
Le vent se tait et le navire aborde
Où Vous avez voulu qu’il trouve un port,
N’oubliez pas, Seigneur son équipage
Car sans Votre aide en ce rude passage,
Sans Votre amour, que vaudrait son effort ?

                ***



Deux pour aller un peu plus loin
Sur une route encore obscure
Vers l’horizon où l’aube point
Notre espérance nous assure
Que notre heure à son tour viendra
Que nos midis seront de gloire
Si nos matins étaient ingrats
Et que nous en ferons mémoire.

                ***



Lambeaux de vers, fragments de stance
Me trottent souvent par l’esprit,
Divers au gré des circonstances,
Et pour certains jamais écrits.

Refrains ou rimes de brocante,
Mont de piété des expressions
Pour une mémoire inconstante
A la merci d’une impression

Mais dont il durera j’espère
Au moins ce que j’écris pour vous
Dont le moindre mot est sincère
Et dont le moindre espoir est fou.

                ***


Premier Noël dans une autre maison
Grise sous le ciel gris, froide saison,
Froide à mon cœur, froide à mon espérance,
Terre d’attente aux sentiers de l’errance 
Aux mois d’hiver, où le jour dure peu.
Est-il encore une occasion de jeu ?
La même fête, oui, dont le lieu change,
Nous la vivrons, mais la vie est étrange.

                ***




A ce nouvel an qui commence,
A ceux qui se sont écoulés,
Sais-tu, Sirène, à quoi je pense ?
Le cœur a ses jours désolés,
Ses jours de tristesse et d’absence,
Mais « naguère » n’est pas « toujours,
Demain est une autre existence,
Aussi sourions, mon amour,
A cet an qui fuit en silence
Et peut-être un peu le cœur lourd
Des hasards de nos existences
Et puis sourions sans détour
A ce nouvel an qui commence.

                ***



Je me demande bien pourquoi
Des mots de reproche se logent
Où j’avais désiré pour toi
Ceux de l’amour et de l’éloge.

Ces différends sans importance
Pourquoi faudrait-il s’en fâcher ?
Avons-nous donc en abondance
Des jours pour ainsi les gâcher ?

                ***


Dehors s’étend la nuit de glace,
La chaleur garde la maison
Où chaque chose est à sa place,
Où je t’observe sans raison
Dans le calme de ce silence
Pour le plaisir de contempler
Encore ton image où danse
Ce bonheur que l’on m’a volé.
J’allumerai mon espérance
A cette flamme, si tu veux
Courageuse dans ta confiance
M’aider encore un petit peu.

                ***


A la fin d’un Automne gris,
Dans une ville d’Allemagne,
Je vous ai prise pour compagne ;
A la fin d’un Automne gris.

Je ne sais si bien m’en a pris,
Ce soir où le doute me gagne
Je fais défiler en esprit
Mes jours de bonheur et de bagne ;
A la fin d’un Automne gris
Je vous ai prise pour compagne :
Je ne sais si bien m’en a pris.

                ***


Vérone et l’ombre des Amants
Me parlent encor maintenant
Et Padoue l’universitaire,
Créneaux et tours dans l’aube claire,
Dôme d’or d’un ciel en beauté,
Brique rouge, horizons bleutés,
Ombre et lumière des ruelles
Où pavés et frontons appellent
Peintres, sculpteurs ou bien rufians,
Bourgeois, servantes, étudiants
Et vous aussi, dames altières
Podestats ou bien condottières…

                ***



J’ai connu Venise en amant
Et je l’ai connue solitaire
Puis séparé, la belle affaire,
Sans jamais m’en lasser pourtant !

Anciens comme nouveaux soucis
Fuyez le séjour de Venise
Vous n’avez rien à faire ici
Où je vais rêver à ma guise,

Rêver au bras de mon amour,
Au bras de mon amour unique,
La seule passion magnifique
De ce qu’il me reste de jours !

                ***



Je voudrais te parler Venise,
Mais les mots ne s’assemblent plus
Qui pour d’autres, je crois, devisent ;
Hélas mes rêves se sont tus.

C’est pourtant la même lumière
Au fronton des palais hautains,
Même gloire et même poussière
Qu’aujourd’hui je regarde en vain.

                ***


L’odeur de l’eau de la lagune
Et les couleurs de Murano
Devraient m’importer moins chacune
Que le plaisir d’un de tes mots.

C’est là ce que je voudrais croire
Mais sans y parvenir vraiment,
Mon cœur est lourd de notre histoire,
Je t’écris ce que je ressens.

                ***



Quand je t’ai découverte, à mon premier voyage,
Quel bonheur étonné, quel émerveillement,
Je t’aimais à jamais dès mon premier passage
Toi qui m’apparaissais belle éternellement.

Je voulais que pour toi les rimes qui me grisent
S’agencent sans effort et composent sans fin
Un portrait étonnant en des stances exquises
Qui te rendent justice au-delà du destin.

Parti, j’ai soupiré pendant des nuits entières
Au souvenir puissant de tes attraits perdus,
Combien j’ai regretté la divine lumière
Qui baigne tes palais orgueilleux et déchus.

Oui, je me suis langui du ressac où s’irise,
Entre les quais de marbre, à longueur de canaux,
L’immémoriale gloire où s’alanguit Venise
Que la lagune berce au rythme de ses eaux.

Puis je suis revenu vers toi, l’inoubliable,
J’ai voulu te revoir, moi le dépossédé,
Ta puissance demeure et je suis misérable,
Descendant pas à pas où rien ne peut m’aider.

                ***






La dame d’Italie
N’existe qu’en mon cœur,
Mon rêve et mon envie ;
La Dame d’Italie.

Vous eussiez pu, ma mie,
Lui voler la primeur :
La Dame d’Italie
N’existe qu’en mon cœur.

                ***


Vous souvenez-vous de Venise
ET de l’Assomption du Titien
Qui d’un mouvement aérien
S’élève du chœur de l’église ?

Vous souvenez-vous des canaux
Obscurs où la lune scintille
Et de ces quais déserts où brillent
De loin en loin, quelques fanaux ?

Dans le dédale des ruelles,
Vous souvenez-vous qu’un midi,
Auprès d’un pont, je vous ai dit
A quel point je vous trouvais belle ?

Et sur l’île de Torcello
Que baigne la mélancolie
Vous souvenez-vous ma chérie
De tant d’amour à demi-mots ?

                ***



Venant avec la mer, il souffle un vent sauvage
Qui soulève le sable et dessous le ciel bleu
Flamboyant de soleil, force à cligner des yeux ;
Un vent impétueux qui balaye la plage

Puissant comme l’amour et peut-être aussi sage
Puisqu’il chante avec nous le bonheur d’être deux,
De marcher côte à côte, ivres peut-être un peu
De tant de liberté cette fois en partage.

Et dans le vent salé, Saint Anne la Palud,
Marchant main dans la main, nous Vous prions émus
De nous faire durer ce beau moment de rêve,

De nous le prolonger autant que notre amour,
Que malgré nos soucis et par delà la grève,
Et par delà le temps, nous le vivions toujours.

                ***



Octobre et ses roses fanées,
La ville et ses trottoirs pluvieux,
C’est déjà la troisième année…
Octobre et ses roses fanées.

Quelle image s’est dessinée
De retrouvailles en adieux ?
Octobre et ses roses fanées,
La ville et ses trottoirs pluvieux.

                ***



Qu’il est plaisant de ne rien faire
Et de dormir l’après-midi ;
A cela nul ne contredit
On peut ajouter : « au contraire ».

Le plus paresseux m’applaudit
Mais il ferait mieux de se taire
Et c’est à tort qu’il s’enhardit
Lorsque ce n’est pas nécessaire :
Plutôt que de me hurler « oui ! »
Qu’il vaque donc à ses affaires 

Car sur la scène de ce lit
Où nous dormons en partenaires
Dans ce tranquille après-midi
Que nous importe le parterre !

           ***



Je t’aimais hier et je t’aime toujours,
Tel que je fus, tel encor je demeure
Et tous ces vers qui t’auront fait la cour
Comptent pour peu puisqu’il faudra qu’ils meurent
Sans doute un jour ; mais non pas mon amour.

Bien des amants me liront le cœur lourd
En découvrant que les mots sont un leurre ;
Savent-ils bien que le destin est sourd ?
Un temps viendra, sans doute, pour qu’ils pleurent,
Ils s’en iront, mais pas nous mon Amour.
Tel que je fus, tel encor je demeure,
Je t’aimais hier et je t’aime toujours.

                ***



Si ce n’est vous,
Je n’ai pas beaucoup d’autres joies
Et je n’en cherche pas vraiment ;
Chacun sa voie, chacun son goût,
Je n’ai pas de raisons d’être content, si ce n’est vous.

Il n’est de bonheur en ce monde
Si ce n’est vous,
Comme il n’est de tristesse aussi
Qui lui réponde,
Comme le sourire au souci,
Si ce n’est vous.

Un an, deux ans, vingt ans demain
Et plus encor si ce n’est fou,
A qui voulez-vous que j’engage
L’anneau que je porte à ma main
Si ce n’est vous ?

                ***



Dans ce long dimanche d’hiver
Je vais te raconter l’histoire
De celle à qui je fis ces vers ;
Dans ce long dimanche d’hiver.

On l’appelait… ? Ma foi je perds
Avec l’âge un peu la mémoire :
« Sirène » et ce qui est amer
C’est que nul ne veut plus me croire.

Je sais bien, moi, que nos amours
Furent belles sinon sereines,
Elles durent d’ailleurs toujours,
Tu ne l’ignores pas, Sirène.

S’il te plaît ne prend pas cet air,
D’où te vient cette jalousie
Alors que je déroule en vers
Ta propre histoire et notre vie
Dans ce long dimanche d’hiver.

                ***


Je chante ce que je compose
Et les mots me sont familiers
Comme peut l’être au jardinier
Chacun de ses buissons de roses.

C’est un très vieil amusement,
C’est un plaisir, une manie,
Plus qu’un besoin, mieux qu’une envie
Que je poursuis depuis longtemps.

Ce n’est que pour toi que je cesse
Comme aussi pour toi bien souvent,
Quand tant et tant de mots s’empressent,
Que pour te chanter je reprends.

                ***



Épilogue.

Avec le titre de cette œuvre
En quel lieu s’étonnera-t-on
Que l’amour malgré ses manœuvres
Y finisse en queue de poisson ?

                ***





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